On fait le point… la fantasy

La fantasy est un genre littéraire qui fascine autant qu’il intimide. Quand on parle de fantasy, nous avons tendance à penser à des auteurs comme Tolkien ou encore Martin. Mais savez-vous exactement d’où vient la fantasy ? Et à quoi la différencie-t-on de son cousin, le fantastique ? On fait le point !

On fait le point sur... la fantasy

Un peu d’histoire

La fantasy est née en Angleterre. Alors marqué par l’industrialisation, le pays fait face à pas mal de dérèglements, de l’ordre économique et social notamment. Il faut savoir qu’à cette époque, l’Angleterre est la première puissance économique mondiale. C’est un pays riche dans bien des domaines dont le culturel. Dans ce contexte, les auteurices ressentent le besoin d’inventer des histoires avec des mondes imaginaires et magiques, voire surnaturels. C’est de ça que les premiers auteurices de la période victorienne et édouardienne (entre 1835 et 1910) s’inspirent pour écrire les premières œuvres de fantasy. 

C’est aussi la naissance d’une certaine confrontation avec le réalisme. En France, Zola et Balzac sont les têtes d’affiche de ce genre et en Angleterre, c’est Dickens. Mais représenter la réalité ne suffit plus. Au vu de la vitesse de progression industrielle, il y a un besoin viscéral de retrouver une part d’irrationnel et de magie dans un monde qui nous dépasse (et nous sommes au XIXᵉ siècle, imaginez aujourd’hui). 

Le fantastique a déjà une place importante au Royaume-Uni et dans le monde à cette époque, c’est donc assez naturellement que le genre a été élargi pour y intégrer des univers imaginaires uniques. Il y a également la redécouverte et la curiosité pour des folklores, en voie de disparition, qui ramènent les auteurices vers les racines de leur pays. L’inspiration du celtic revival, la renaissance celtique, dans les années 1760 est une grande source d’inspiration pour les écrivain·e·s qui font la connaissance de mythes féériques incroyables. C’est d’ailleurs comme ça que J.R.R. Tolkien, né en 1892, tombe dans la fantasy.

La fantasy est également né de plusieurs autres mouvements de la fin des années 1800, comme le gothic revival, la renaissance gothique, avec la fascination pour le Moyen-âge, et la new romance. Rien à avoir avec celle que nous avons aujourd’hui. À l’époque, il y avait une distinction entre romance et novel : le nouveau roman, littéralement, est un roman d’aventure, un roman dit “romanesque” qui s’oppose aux romans médiévaux. Nous ne parlions pas encore de fantasy : il faut attendre des auteurs comme William Morris et George McDonald pour donner forme au mouvement anti-moderniste et anti-réaliste. 

La Seconde Guerre Mondiale a impacté et rendu plus fort ce besoin d’évasion, autant côté auteurices que lecteurices. J.R.R. Tolkien fait publier Le Hobbit tandis que C.S. Lewis publie, dans les années 50, les premiers tomes du Monde de Narnia. Tous deux suivent des inspirations du siècle précédent, de Lewis Caroll à Charles Kingley et font évoluer, avec d’autres auteurs de l’époque, le genre comme on le connaît aujourd’hui.

À quoi reconnaît-on la fantasy ?

La fantasy est née de nombreuses influences, mais la plus prégnante reste les mythes et les légendes. Les épopées antiques ont notamment forgé de nombreux récits de fantasy d’aujourd’hui et continuent d’influencer les auteurices dans la création de leurs univers. Nous pensons évidemment aux mythologies grecques et romaines, mais les mythes d’Europe du nord ont également une grande place dans l’imaginaire créatif. Ensuite, vient le médiéval merveilleux, puis la période des contes qui ont forgé des histoires féériques pour enfants et pour adultes que nous lisons toujours aujourd’hui.

Thématiques de la fantasy

Dans les récits antiques, médiévaux ou dans les contes, il y a des éléments qui font partie intégrante de la fantasy moderne. Le premier, c’est le héros. Ce personnage emblématique est souvent confronté à des monstres qui se mettent sur le chemin de sa quête. 

Deuxième élément essentiel : le monde imaginaire. En fantasy, on invente les codes d’un monde à part, quelque chose qui emporte le lectorat loin de la civilisation moderne. On s’inspire des différentes époques (notamment médiévales) pour construire des univers uniques dans lesquels évolueront des peuples tout aussi singuliers. Les détails sont légion et l’ont se sent aussitôt propulsé dans un ailleurs aussi incroyable que dangereux. 

Ensuite, la fantasy est marquée par la présence de magie (même si certains de ses sous-genres s’en détachent). Influencé par le merveilleux et le surnaturel, ce genre est défini par des phénomènes jugés normaux par les personnages, mais qui ne le sont pas pour læ lecteurice qui doit apprendre le système de magie inventé par l’auteurice. Il y a aussi cette notion d’apprentissage au sein du roman notamment avec l’appréhension des pouvoirs des personnages et l’apparition de mages et de sorciers. 

Et enfin, un thème que l’on retrouvait beaucoup dans les premiers récits du genre, peut-être un peu moins maintenant, ce sont les croyances. Religion, mythologie, spiritualité sont des ancres dans un univers de fantasy. Les interprétations sont encouragées pour donner des repères aux lecteurices et instaurer un climat crédible. Pour reprendre une citation du dossier de la Bibliothèque de France, “Définir le sacré dans une œuvre de fantasy permet bien souvent de structurer l’intrigue, mais aussi de présenter les forces qui régissent le monde.” 

Pour résumer, la fantasy est souvent marqué par une quête initiatique, par un monde à part dans lequel évolue le personnage et par la présence de magie ou, du moins, d’éléments mythiques. Bien sûr, avec tous les sous-genres qui existent aujourd’hui, la frontière entre les genres est de plus en plus floue, et la fantasy peut englober de nombreux types d’histoires. 

La fantasy au sein de la maison d’édition : la collection Les Clés d’Hécate

Au sein de la maison d’édition Le Labyrinthe de Théia, nous avons voulu donner une place de choix aux littératures de l’imaginaire qui sont malheureusement peu mises en avant en France. C’est pour cela que nous avons créé la collection Les Clés d’Hécate afin d’accueillir ces romans spéciaux qui invitent aux voyages magiques. 

Aussi loin dans le temps et l’espace de mondes connus ou inconnus, ces terres sinueuses protègent bien faune, flore et magie à l’abri des regards. Parce que la magie peut être aussi belle que féroce, s’aventurer dans ces univers ne sera pas sans risques.

La collection Les Clés d’Hécate vous ouvre les portes de la fantasy et de ses sous-genres. Que vous soyez plutôt créatures aux dents longues ou sorciers aux chapeaux pointus, nul doute que les univers proposés sauront vous dépayser.

Pour celles et ceux qui ne le savent pas, Hécate est la déesse de la magie et de la divination dans la mythologie grecque. C’est donc tout naturellement qu’elle représente notre première collection et est la gardienne de nos publications !

Pour aller plus loin

Je vous conseille l’excellent dossier sur la fantasy de la Bibliothèque Nationale de France qui retrace l’historique complet du genre en donnant de nombreux exemples d’œuvres et d’auteurices investis dans sa démocratisation : Fantasy – BnF