Dernier article de cette série autour de nos genres littéraires et pas des moindres ! Aujourd’hui, nous allons aborder le thriller policier, un genre à part entière qui fait souvent froid dans le dos. Histoire, thèmes principaux et quelle place lui laisse-t-on au sein du labyrinthe : prenez votre casquette et votre loupe, on va résoudre ce mystère !
Quand est apparu le premier roman policier ?
Si la fantasy, le fantastique et la science fiction ont connu leurs années de gloire après la Seconde Guerre Mondiale, les premières histoires policières dateraient plutôt du Moyen Âge. En effet, c’est dans les Mille et une nuits que l’on retrouve les premiers écrits du genre, notamment dans des histoires comme Les Trois Pommes, Ali Khwaja ou encore Le Marchand et le Voleur. Ces deux derniers exposent des détectives qui rassemblent des indices et preuves pour arrêter un criminel.
Le premier polar moderne est paru en 1819. Écrite par E.T.A. Hoffman, la nouvelle Mademoiselle de Scudéri est une référence du genre. Un peu plus tard, ce sont les oeuvres d’Edgar Allan Poe qui mettent le policier en avant avec des nouvelles comme Double Assassinat dans la rue Morgue ou La Lettre Volée. C’est le début des détectives, des enquêtes sombres, qui donneront vie, en 1887, au célèbre Sherlock Holmes, d’Arthur Conan Doyle.
Entre-temps, les écrits du genre se sont succédé, surtout au Royaume Unis avec des auteurs comme Charles Dickens ou Wilkie Collins. En Italie aussi, le genre fait rage, puisqu’il voit naître des personnages à l’encontre des détectives classiques. Nous pensons à ces auteurs : Leonardo Sciascia, Umberto Eco et Carlo Emilio Gadda, notamment. En Espagne, c’est Pedro Antonio de Alarcón qui est précurseur du policier avec son roman The Nail and other Tales of Mystery and Crime.
Comment parler du policier sans citer Agatha Christie, la mère d’Hercule Poirot et de Miss Marple, et ses enquêtes inspirées des plus grands détectives du genre, Sherlock Holmes pour ne citer que lui. Avec sa série de romans, elle devient rapidement une pionnière dans la manière d’aborder les enquêtes. Le premier roman qui la rend célèbre est Le Meurtre de Roger Ackroyd, vendu à 8 000 exemplaires à l’époque, en 1926.
En Europe, et aux États-Unis, le genre s’étend, prend de l’ampleur, se défend face à d’autres littératures plus classiques. Le policier s’exporte également jusqu’en Chine où les aventures célèbres de Sherlock Holmes sont traduites dès les années 1890 par Cheng Xiaoqing. Succès assuré !
Néanmoins, pendant l’ère Mao, notamment la grande révolution culturelle prolétarienne en 1966, le polar a été interdit sur le territoire chinois. Ce n’est qu’à partir de 1978 que le roman policier revient grâce à l’arrivée d’un nouveau chef suprême de la Chine, Deng Xiaoping. À ce moment, les romans du genre étaient surtout centrés sur la corruption et les conditions de vie compliquées pendant l’ère Mao.
Aujourd’hui, en France, “selon les statistiques du Syndicat national de l’édition pour l’année 2020, l’espionnage, le policier, le roman noir et le thriller représentent 5,3 % du chiffre d’affaires de l’édition avec près de 137 millions d’euros et 5,6 % des exemplaires vendus (23 406 millions)” (source : SNE).
Comment caractériser le thriller policier ?
Le policier est, bien entendu, centré autour d’une enquête. Il en existe cependant de nombreuses sortes qui permettent au genre de plaire au plus grand nombre.
La structure
Les romans policiers, peu importe leur sous-genre, sont souvent construits avec six grands points clés. L’on retrouve notamment :
- le crime ou le délit
- le mobile
- le coupable
- la victime
- le mode opératoire
- l’enquête
Parfois même, le roman va jusqu’au jugement du coupable ou peuvent montrer une arrestation faussée et un rebondissement conséquent dans l’enquête.
Les sous-genres
Comme les autres genres que nous avons déjà présentés, le policier regroupe un certain nombre de sous-genres variés. Nous retrouvons donc :
- le roman détective : le plus classique, dans lequel un détective résout un crime ;
- le cosy mystery : un roman policier humoristique, parfois sans vrai détective ou policier, assez doux pour le genre ;
- le whodunit : la forme la plus classique, où un détective résout un crime complexe et entraine le lecteur au cœur de l’enquête ;
- le policier historique : comme son nom l’indique, l’enquête se déroule dans le passé ;
- le huis clos ou chambre close : une enquête qui se passe dans un seul endroit fermé (une pièce, un train, un hôtel…) où aucun personnage n’a pu sortir avant et après le crime ;
- le roman noir : des enquêtes qui rendent compte de la réalité sociale (notamment aux États-Unis) avec du crime organisé, de la mafia, de la corruption et des violences urbaines ;
- le roman d’espionnage : ici, nous ne suivons pas des détectives, mais plutôt des espions qui appartiennent généralement à un service de renseignement.
Bien sûr, nous pourrions encore en citer plein, comme le policier procédural, scientifique ou juridique qui mettent en avant différents éléments de la vie d’une enquête. Tous ces genres sont très présents dans la littérature, mais ce sont, peu à peu, développés au cinéma, avec l’avènement des séries télévisées policières, entre autres.
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