En quoi consistent les corrections éditoriales ?

Les corrections éditoriales est souvent l’étape de l’édition d’un roman qui fait le plus peur aux auteur·ice·s. En effet, il y a de nombreuses rumeurs et de retours d’expérience négatifs sur cette phase pourtant essentielle en maison d’édition. Aujourd’hui, nous espérons que vous êtes prêt·e·s, car nous allons casser de l’idée reçue !

En quoi consistent les corrections éditoriales

Cassons quelques idées reçues sur les corrections éditoriales 

1. Les corrections éditoriales transforment l’histoire

Nous pensons que c’est l’idée reçue la plus répandue dans le monde du livre et pour cause : ça s’est malheureusement déjà vu. Des auteur·ice·s, parfois connu·e·s, ont eu la mauvaise surprise de devoir changer l’histoire du roman pour diverses raisons (correspondre à une demande du public, vendre plus, etc). MAIS, ça n’arrive quasiment jamais ! Et surtout pas avec des maisons d’édition transparentes et respectueuses de l’avis de l’auteur·ice.

 

Nous entrerons dans le détail un peu plus loin sur le but des corrections éditoriales, mais ce n’est en aucun cas de changer l’histoire écrite par l’auteur·ice. Un coup de marteau sur cette idée reçue et on passe à la suivante !

2. L’avis de l’auteur·ice n’est pas pris en compte, l’éditeur·ice a le dernier mot

Un travail éditorial se fait avec læ directeur·ice éditorial·e et l’éditeur·ice. Ces deux personnes collaborent avec l’auteur·ice pour arranger le roman et lui donner toutes ses chances. L’auteur·ice est inclus·e dans ce processus : iel n’est pas mis·e de côté et son avis est toujours sollicité. C’est d’ailleurs à ellui de valider ou non les propositions de modification de læ directeur·ice éditorial·e et de l’éditeur·ice. 

 

Il est possible que l’éditeur·ice ait le dernier mot (on ne va pas se mentir). C’est une situation cependant très spécifique : si l’auteur·ice n’a pas d’avis sur le sujet ou qu’il y a un blocage sur une décision à prendre entre l’éditeur·ice et læ directeur·ice éditorial·e. Mais dans tous les cas, il sera demandé à l’auteur·ice s’iel est d’accord avec cette décision (comme avec toutes les autres qui concerneront son roman). 

3. L’éditeur·ice change des choses sans l’accord de l’auteur·ice

Dernière idée reçue souvent relayée également : l’auteur·ice n’est pas au courant de certains changements dans le roman avant la publication. Et, encore une fois, ça ne vient pas de nulle part, c’est un souci qui s’est déjà vu. Néanmoins, ça n’arrive pas dans les maisons d’édition qui font bien leur travail. Comme nous le disions précédemment, l’auteur·ice est toujours inclus·e dans les corrections éditoriales et a un regard sur tout le roman jusqu’à la publication. Normalement, si modification il y a sans son accord, iel est censé·e avoir un droit de regard sur le BAT et pointer du doigt ces éléments. Si vous n’avez pas cette possibilité, c’est que la maison d’édition n’est ni transparente, ni honnête, ni respectueuse et peut-être devriez-vous songer à récupérer vos droits sur votre roman… 

 

On a cassé 3 grandes idées reçues sur les corrections éditoriales. Mais en quoi consiste exactement cette phase ? Qu’est-ce qui se passe en coulisse avant la publication d’un roman ?

Les corrections éditoriales : une étape essentielle pour le roman

Les corrections éditoriales sont une étape cruciale dans la préparation d’un roman pour son édition. Si de nombreux·se·s auteur·ice·s en ont peur, c’est parce qu’elles peuvent mettre à mal l’égo ou générer un sentiment d’imposture. 

Une super bêta-lecture

Mais comme le dit Maritza Jaillet, notre directrice éditoriale, “j’aime dire que c’est une bêta-lecture super détaillée et un accompagnement de tous les instants.” Et en effet : elle travaille main dans la main avec les auteur·ice·s pour améliorer le texte. Ce ne sont pas des modifications pour des modifications. Chaque retour, chaque correction, chaque avis est un axe d’amélioration que l’auteur·ice peut accepter ou non. 

À cette étape, il n’y a pas de corrections à proprement parlé : læ directeur·ice éditorial·e ne relève pas les fautes d’orthographe, de syntaxe, de style, de grammaire… Iel est là pour donner un coup de boost à l’histoire, pour mener l’auteur·ice vers le haut, tendre la main et dire, “allez viens, on va réussir ensemble”. 

Un travail pour faire ressortir l’âme du texte

Martiza nous dit “qu’il faut respecter l’âme du texte”. Le travail éditorial est un moment privilégié pour l’auteur·ice : iel reçoit des retours constructifs sur son histoire comme iel n’en a jamais reçu. Iel voit les faiblesses de son texte, mais aussi tout ce qui mérite sa plus grande attention. Tatyana, notre éditrice, précise : “il peut y avoir des manuscrits assez aboutis où la structure ne bougera pas, mais y aura quand même des modifs de fond ; ça peut être des détails comme des émotions, des pensées ou des ajouts…” 

Se préparer à cette étape

Nous conseillons aux auteur·ice·s de se préparer en amont à cette étape qui peut être intimidante. Maritza rassure : “côté auteur·ice, ne pas avoir « peur » des commentaires en marge. Ils sont nombreux ? Chouette ! C’est une vraie correction édito ! Il n’y en a pas ? Quasi peu ? Aucune piste d’amélioration pour vous ? C’est bof, parce que vous n’évoluerez pas…” Dans tous les cas, c’est un travail de longue haleine, sans doute le plus long de l’édition d’un roman. “Plusieurs réunions peuvent s’effectuer ensemble”, confie Maritza. “Déjà pour faire le point, ensuite, pour savoir si tout le monde comprend où on va, enfin, pour rassurer.”

Car, oui, pas question de faire des corrections éditoriales si l’auteur·ice n’est pas prêt·e à entendre les retours, aussi constructifs soient-ils, sur son roman. “Beaucoup pensent qu’ils n’en ont pas forcément besoin, mais c’est faux. Des corrections éditoriales, c’est un changement sur la forme, oui, on affine, mais surtout sur le fond”, nous dit Tatyana. Il faut se préparer à parfois des changements drastiques dans la structure du récit, sans jamais dénaturer l’œuvre, juste pour la rendre meilleure. L’auteur·ice doit en avoir conscience et doit être assez ouvert·e pour accepter certains changements importants pour améliorer son histoire (tout en sachant, qu’iel peut les refuser ou en discuter ouvertement avec læ directeur·ice éditorial·e et l’éditeur·ice).

Comment se passent les corrections éditoriales chez Le Labyrinthe de Théia ?

Il est temps de vous parler de nos propres coulisses. Pour cela, Tatyana et Maritza sont les mieux placées pour vous donner les principales étapes du processus éditorial.

Une mise au point avant la signature du contrat

Le travail édito commence dès le retour du comité de lecture. Avant le premier rendez-vous avec l’auteur·ice, qui se déroule avec Tatyana (éditrice), Maritza (directrice éditoriale) et Elodye ( chargée de communication), Maritza récupère “l’ouvrage avec les pistes de l’éditrice (qui l’a lu) et s’il y a eu des interrogations, je note sur un papier à part. Par exemple, si le CL a dit : “ah ça on aime pas trop” et que l’éditrice dit : “à voir”, j’arrive pour donner mon avis, rassemblant les points de vue.” 

Pendant le rendez-vous, ce sont des points qui sont abordés avec l’auteur·ice. “Il faut que l’auteur·ice et l’éditeur·ice soient sur la même longueur d’onde”, assure Tatyana. “C’est pour ça qu’on discute des éventuelles modifs avant la signature du contrat chez nous, qu’on envoie une synthèse de ce qui va et de ce qui ne va pas pour être certain·e·s qu’on soit bien d’accord sur le travail à mener.” Ce n’est que si tout le monde est OK que le contrat est signé et que le travail éditorial peut débuter.

Ensuite, Maritza se charge de lire le livre, de le décortiquer. “Vérification des incohérences, des recherches, vocabulaire, est-ce que tel perso est assez profond ? Faut-il plus insister ? Traque de certaines répétitions ou maladresses éventuelles… vérification, aussi, de l’ensemble. Là, si j’ai des doutes, ou des réactions, j’en fais part à l’éditrice.” Il y a des allers-retours en la directrice éditoriale et l’éditrice, puis entre elles et l’auteur·ice. C’est un ping-pong perpétuel qui peut durer des semaines comme des mois pour que le livre corresponde aux attentes de la maison d’édition mais, et surtout, de l’auteur·ice. 

Jamais, au grand jamais, il n’est question de sortir un roman qui ne plaira pas à son auteur·ice.

Qu’en pense nos auteur·ice·s ?

Pour finir cet article, nous avons demandé à nos auteur·ice·s quels étaient leurs ressentis quant à ces corrections éditoriales. 

Justine, notre prochaine autrice éditée pour le roman Evana, répond : 

“J’ai été bien dirigée et écoutée. Pour les points où il y avait besoin de discuter, l’équipe éditoriale a pris le temps, nous avons aussi cherché des solutions ensemble. J’ai appris aussi beaucoup de choses, que ce soit avec Maritza, Tatyana, ou encore Karine (NDLA : Hurson, notre correctrice). Cela s’est déroulé dans une bonne ambiance, avec beaucoup de respect et de délicatesse pour mon roman. J’étais un peu stressée, mais je ne l’étais pas autant que si ça avait été mes premières corrections éditoriales (puisqu’Evana est mon deuxième roman à être publié en maison d’édition) et si je ne connaissais vraiment personne de l’équipe, avec aucun retour extérieur sur leur travail professionnel. 

J’attendais de cette phase de pouvoir vraiment sublimer mon texte, continuer d’apprendre des choses, notamment côté corrections, et voir si j’avais bien développé tout ce qu’il y avait à développer. Et finalement, on m’a fait travailler un aspect en particulier que je pensais abouti, c’est plutôt bien !”

Le retour d’Onir, autrice de Malgré Ma Mort

“Ça ne m’a pas paru difficile. J’ai trouvé les retours pertinents même si je ne les ai pas tous appliqué. Les… 2-3 que je n’ai pas appliqué, j’en ai discuté avec elles pour expliquer mon point de vue et trouver une solution qui convienne à tout le monde. J’ai trouvé ça rafraîchissant de pouvoir travailler ainsi mon texte avec des retours plus poussés et pertinents que je n’en avais jamais eu.”

Le retour de Clem & Moon, auteurices d’une future parution : 

“Par rapport aux corrections éditoriales, on les a pas encore finies de notre côté. Mais je les trouve toujours pertinentes, la discussion est toujours présente, et on a une grande liberté par rapport à notre bouquin. C’est toujours nous qui pouvons avoir le dernier mot en cas de désaccord, mais on retombe toujours sur du compromis intéressant.”

« Je trouve les corrections édito plus simples que ce à quoi je m’attendais. Tatyana et Maritza essayaient souvent de nous rassurer en mode s’il a plein de choses à revoir ça veut pas dire que c’est nul ou quoi. Je m’attendais vraiment à un romand criblé de rouge et en fait non ; c’est beaucoup plus agréable de travailler surtout qu’elles sont à l’écoute et respectent vraiment nos choix, c’est super top de travailler avec elles. »

Il nous semblait essentiel de remettre les points sur les i concernant les corrections éditoriales qui sont encore bien dénigrées et détestées de nombreux·se·s auteur·ice·s. Notre dernier conseil : prenez toutes les remarques comme des opportunités de vous amélioer. Si læ directeur·ice éditorial·e et l’éditeur·ice sont à votre écoute, parlez-leur de ces retours, de vos désaccords, de vos envies. Ne gardez pas vos frustrations dans un coin de votre tête. Une équipe éditoriale qui se respecte est là pour vous, pour votre roman et prendra toujours le temps de vous écouter sans imposer son point de vue. Alors, avez-vous toujours peur de cette phase ?