Sur les réseaux sociaux comme sur toute la sphère Internet, il est de plus en plus fréquent de voir fleurir des débats autour des trigger et des content warning. Ces termes sont de plus en plus utilisés afin de prévenir les consommateur·ice·s de contenu des possibles sujets sensibles ou pouvant choquer. Revenons ensemble sur ces éléments de langage et leurs enjeux pour le lectorat, notamment français.
Qu’est-ce qu’un content warning ?
Un content warning, c’est littéralement un avertissement de contenu en français. C’est une mention avant un contenu audio, vidéo, visuel ou textuel qui prévient les consommateur·ice·s d’un sujet qui peut heurter leur sensibilité. Leur but est vraiment préventif : cela peut éviter à des personnes de se retrouver confronter à des sujets qui le blesse sans y être préparé.
Le terme trigger warning est également utilisé, mais englobe plus spécifiquement les contenus qui rappelleront des traumatismes. Ce sont des déclencheurs. Les sujets abordés peuvent alors causer d’intense symptômes physiologiques ou psychologiques pour des personnes souffrant de stress post traumatique et d’autres troubles anxieux.
Les deux se présentent comme des termes ou des pictogrammes placés en début de contenu que les consommateur·ice·s peuvent facilement identifier. Si les termes anglophones ont pris une grande ampleur avec la publication de contenu sur Internet, ils existent depuis de nombreuses années dans divers domaines. Le jeu vidéo, par exemple, ou même la télévision ont adopté les méthodes d’âge requis qui a été un premier pas vers la démocratisation de la prévention envers le public des contenus violents.
Désormais, l’on peut voir des content warning, ainsi que des trigger warning, sur de nombreux médias : plateformes de streaming pour les films et séries, en avant-propos sur les podcasts, avec la mention “explicit” sur les plateformes de streaming musicales ou encore dans les livres. C’est sur ce dernier média que nous allons nous arrêter !
Une volonté de protéger tout le lectorat avec les content warning
Le rating, un premier pas qui a fait évoluer la protection
Depuis nombre d’années, les auteur·ice·s (amateur·ice·s ou non) publient leurs textes sur Internet. Les plateformes se sont rapidement emparés de la question des contenus sensibles en proposant aux créateur·ice·s d’ajouter une mention dans la description de leur histoire. Un des premiers systèmes anglophones à avoir parcouru le monde et l’Internet était celui des Ratings, reprit notamment sur AO3 ou Fanfiction.net.
Le système de Rating permettait de catégoriser son histoire sous différentes appellations. Il y a 5 niveaux, basés sur des âges d’audience et des ensembles de sujets qui pouvaient être problématiques pour un jeune public.
Les content warning et les ratings ont toujours eu pour principal objectif de protéger le lectorat. Et c’est aussi pour cela qu’ils sont de plus en plus plébiscités en édition traditionnelle ou auto-édition : ce sont des indicateurs clés importants qui peuvent avoir un impact important sur le mental d’un·e lecteur·ice. Si le rating était une bonne porte d’entrée vers la protection du lectorat, elle est vite devenue assez limitée. En effet, il n’y a aucune liste des sujets qui peuvent heurter ou blesser les lecteur·ice·s et donc aucun moyen de réellement savoir si l’histoire en question est saine pour elleux.
Aujourd’hui, il est plus commun de faire appel aux content warning, car ils englobent bien plus de sujets que les ratings ou les trigger warnings. C’est notamment un choix que nous avons fait au sein de la maison d’édition Le Labyrinthe de Théia.
Quid du spoil ?
L’un des principaux arguments contre l’utilisation des avertissements de contenu était le risque de gâcher l’histoire aux lecteur·ice·s. Cela s’entend totalement : peut-être que nombreux d’entre vous n’ont pas envie de savoir ce qui pourrait arriver au personnage principal à cause des content warnings placés en début de roman.
Cependant, la question de la santé mentale et de la protection est souvent plus importante que ce simple risque. Sans compter que les content warning, à l’inverse des trigger warning, sont là pour mentionner des sujets sensibles sans donner de détails. Certain·e·s auteur·ice·s ont fait le choix de placer des avertissements en début de roman et une liste très précise en fin de roman pour celleux qui auraient besoin de plus d’informations. D’autres font le choix du QR Code ou du lien à visiter pour retrouver la liste des avertissements contenus dans le roman en question. Toutes les méthodes sont légitimes, à partir du moment où elle est préventive.
Notre position en tant que maison d’édition
L’équipe derrière le labyrinthe est née d’auteur·ice·s essentiellement publié·e·s sur Internet. Nous connaissons les problématiques liées aux contenus sensibles et avons vu l’évolution de ces pratiques au fil du temps. Nous avons également pris part aux différents débats qui ont pu avoir lieu sur les réseaux sociaux afin d’appuyer notre volonté de toujours protéger notre lectorat. C’est de ces réflexions et ces discussions avec notre audience que nous avons pu mettre en place des content warning qui nous semblent efficaces et qui s’adapteront à toutes nos parutions.
Aussi, nous avons fait le choix de créer des pictogrammes facilement reconnaissables que nous plaçons, sans texte, sur nos 4ᵉ de couverture. Nous les insérons en plus à l’intérieur de nos romans avec leur signification écrite. C’était, pour nous, le meilleur moyen de prévenir notre lectorat des sujets abordés au sein de nos livres.
Tous nos content warning
Addiction
Mention ou présence d’addictions.
Adulte
Contenu réservé à un public adulte en raison de violences, de grossièreté et de scènes à caractère sexuelles.
Armes
Mention ou présence d’armes blanches ou à feu.
Auto-mutilation
Mention ou actes d’auto-mutilation.
Avortement/Fausse couche
Mention ou acte d’avortement ou de fausse couche.
Dépression
Mention de la dépression ou d’autres troubles de la santé mentale.
Deuil
Mention ou présence du deuil.
Discrimination
Mention ou présence d’actes discriminants.
Drogues
Mention ou présence de drogues.
Harcèlement
Présence de harcèlement moral ou physique.
LGBTphobie
Présence de paroles ou d’actes LGBTphobes.
Inceste
Mention ou actes incestueux.
Mort
Mention ou présence de la mort.
Psychophobie
Présence de paroles ou d’actes psychophobes.
Racisme
Présence de paroles ou d’actes racistes.
Sang
Mention ou présence de sang.
Sexisme
Présence de paroles ou d’actes sexistes.
Suicide
Mention ou acte de suicide.
Transphobie/enbyphobie
Présence de paroles ou d’actes transphobes/enbyphobes.
Violences conjugales
Mention ou présence de violences conjugales.
Violences physiques
Mention ou présence de violences physiques.
Violences animales
Mention ou présence de violences animales.
Violences médicales
Mention ou présence de violences médicales.
Violences sexuelles
Mention ou présence de violences sexuelles.
Nous tenons à rappeler que ce n’est pas parce que certains termes sont présents dans nos publications que nos auteur·ice·s ou nous-même les cautionnons. Nos parutions mettent en lumière ces sujets afin d’en fournir une représentation juste et/ou pour les dénoncer.
En fonction des romans que nous publions et des retours de lecteur·ice·s, nous pourrons être amené·e·s à modifier cette liste. Merci à The Red Lady pour la réalisation de ces pictogrammes.
L’utilisation des content warning devient la norme sur de nombreux médias. Nous le voyons d’ores et déjà sur Netflix, Disney + ou même Youtube. Même si ce ne sont “que” des mots, les livres devraient en être dotés également. Du côté de l’équipe du Labyrinthe, c’était un consensus : la protection de nos lecteur·ice·s est une priorité.